CHAPITRE PREMIER
SOCIÉTÉ DES AVENTURIERS À RESP. LIM.

— Tommy, mon vieux !

— Quat'sous, ma vieille !

Les deux jeunes gens se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, obstruant, dans leur enthousiasme, la sortie du métro Dover Street. Les adjectifs « vieux » et « vieille » semblaient plutôt déplacés. À eux deux, ils n'avaient pas quarante-cinq ans.

— Voilà des éternités qu'on ne s'est pas vu, s'exclama le jeune homme. Où allez-vous ? Venez prendre une tasse de thé avec moi. On commence à nous regarder de travers – nous barrons le passage aux gens. Sortons, voulez-vous ?

Sur le signe affirmatif de la jeune fille, ils descendirent le Dover Street dans la direction de Piccadilly.

— Eh bien ? demanda Tommy. Où allons-nous ?

La très légère inquiétude qui perçait malgré lui dans son ton léger n'échappa point à l'oreille fine de Miss Prudence Cowley, connue de ses intimes, pour des raisons mystérieuses, sous le nom de « Miss Quat'sous ».

— Tommy, vous êtes dans la purée !

— Qui, moi ? se défendit Tommy, s'efforçant en vain d'être persuasif. Je roule sur l'or !

— Vous avez toujours été un menteur, déclara sévèrement Quat'sous. Quand vous avez eu cet accident d'auto et qu'on vous a soigné dans notre hôpital, vous avez trouvé moyen de persuader à notre infirmière en chef que le docteur vous avait prescrit le vin comme remède tonique, mais qu'il avait oublié de le mettre sur l'ordonnance. Vous souvenez-vous ?

Tommy s'esclaffa.

— Si je m'en souviens ! Elle rageait, la brave femme, quand elle a découvert le pot aux roses ! J'y étais bien, dans cette vieille boîte – grâce à vous, Quat'sous ! Il paraît que maintenant ça ne va plus très fort ? L'œuvre manque de fonds, dit-on ?

Quat'sous soupira.

— On a congédié la moitié des infirmières, moi comprise.

— Alors ? Vous chômez ?

— Oui. Vous aussi ?

— Pas l'ombre d'un emploi depuis que je suis sorti du Génie.

— Ce que vous avait laissé votre père ?

— Dépensé.

— Oh, Tommy !

— Mais non, mon vieux, rien du bambocheur ! Le coût de l'existence, même la plus modeste, suffit de nos jours à épuiser en peu de temps une bourse mal garnie, et si vous ne le savez pas…

— Mon cher enfant, interrompit Quat'sous, il n'y a rien que je ne sache sur le coût de l'existence ! C'est un sujet qui n'a plus de secrets pour moi. Nous voilà devant le salon de thé de Lyon's, et nous paierons chacun pour soi. Pas de réplique !

Et Quat'sous monta l'escalier.

La salle était bondée, et ils durent attendre pour avoir une table. Des bribes de conversation leur arrivaient de toutes parts :

— Figurez-vous, ma chère, qu'elle a tout simplement pleuré quand je lui ai dit qu'en fin de compte je ne pourrais pas lui céder mon appartement ! Mais je vous assure, c'est une occasion unique ! Un modèle d'une grande maison de Paris, Mabel Lewis, l'a acheté elle-même quand elle avait encore de l'argent, mais depuis…

— Quelles drôles de choses on saisit au vol, murmura Tommy. Tout à l'heure j'ai entendu deux bonshommes parler d'une nommée Jane Finn. Quel nom singulier, n'est-ce pas ?

Mais à ce moment deux dames âgées se levèrent, et Quat'sous se glissa rapidement dans un des fauteuils devenus libres.

Tommy commanda du thé et un petit pain. Quat'sous du thé et un toast beurré.

— Séparément, s'il vous plaît, ajouta-t-elle d'un ton sévère.

Tommy s'assit en face d'elle, découvrant une tignasse rousse soigneusement léchée. Sa physionomie, d'une laideur sympathique, était sans contredit celle d'un gentleman et d'un sportsman. Son complet marron venait d'un bon faiseur, mais en danger imminent d'achever son existence.

Ils formaient un couple d'aspect essentiellement moderne. Quat'sous n'avait aucune prétention à la beauté, mais son petit visage spirituel, au menton résolu et aux grands yeux gris, profondément enfoncés sous des sourcils noirs, droits comme des flèches, avait du charme et du caractère. Elle portait une toute petite toque vert jade sur sa tête bouclée, et sa jupe un peu usée laissait voir une paire de chevilles très fines. Toute sa tenue était un héroïque effort vers l'élégance.

On apporta le thé, et Quat'sous, s'arrachant à un accès de méditation philosophique, le versa dans les tasses.

— Allons ! dit Tommy, en avalant la moitié de son petit pain, résumons-nous. Rappelez-vous que nous ne nous sommes pas revus depuis l'hôpital.

— Très bien.

Quat'sous, pour se donner du courage, fit honneur à son toast beurré.

— Brève biographie de Miss Prudence Cowley, cinquième fille du pasteur Cowley de Little Missendell, Suffolk :

Miss Cowley abandonna très tôt les joies (et les ennuis) de son foyer natal, et se rendit à Londres, où elle suivit les cours de l'école des infirmières. Pendant sa carrière brillante à l'hôpital, elle retrouva un jour parmi les malades son ami d'enfance, Mr Thomas Beresford (saluez, Tommy !) qu'elle n'avait pas vu depuis cinq longues années. La rencontre fut émouvante ! Peu de temps après, l'infirmière Cowley fut réprimandée par ses supérieurs pour s'être montrée au cinéma voisin en compagnie dudit Thomas Beresford. Congédiée à la suite de la crise économique, la talentueuse Miss Cowley essaya en vain le commerce, les P.T.T. et la sténo-dactylographie. Hélas ! rien. Toujours rien ! Chômage complet ! Et maintenant, Tommy c'est votre tour.

— Eh bien, moi, c'est encore moins que cela ! Diplôme du Génie – recherche d'emploi – et depuis douze longs mois rien – rien que la chasse au travail ! Mais il paraît qu'il n'y a plus de travail, nulle part ! D'ailleurs, je ne suis pas un homme d'affaires !

Quat'sous approuva mélancoliquement.

— Et les colonies ? demanda-t-elle.

Tommy fit un signe de tête négatif.

— Je n'aimerais pas les colonies, et je suis complètement certain qu'elles ne m'aimeraient pas !

— Parents riches ?

Nouveau signe négatif.

— Quoi, Tommy, pas même une grand-tante ?

— Si, un vieil oncle qui roule sur l'or, mais ça ne sert à rien.

— Pourquoi ?

— Il a voulu m'adopter jadis, et j'ai refusé.

— Je crois que j'en ai entendu parler dit lentement Quat'sous. Vous avez refusé à cause de votre mère.

Tommy rougit jusqu'à la racine des cheveux.

— Oui, ce n'aurait pas été chic vis-à-vis de maman. Vous le savez bien, elle n'avait que moi. Le vieux la détestait, il voulait à tout prix m'en éloigner. Je ne me suis pas laissé faire.

— Votre mère est morte, n'est-ce pas ? dit doucement Quat'sous.

Tommy acquiesça.

Les grands yeux gris de Quat'sous se voilèrent.

— Vous êtes un brave gosse, Tommy. Je l'ai toujours su.

— Ne dites pas de bêtises ! grommela Tommy. Enfin voilà ma situation. Elle est bien près d'être désespérée.

— Et la mienne donc ! J'ai tenu aussi longtemps que je pouvais. J'ai épuisé mes relations. J'ai répondu aux annonces. J'ai tenté n'importe quoi. J'ai tourné et retourné chaque sou. Mais rien ne m'aidera. Il faudra que je revienne à la maison.

— Vous n'en avez pas envie ?

— Naturellement que je n'en ai pas envie ! À quoi servirait-il d'être sentimentale ? Mon père est délicieux – je l'adore – mais vous ne savez pas combien je lui fais peur ! Il a de ces touchants principes d'avant-guerre et il est convaincu par exemple que fumer est un vice. Vous me voyez au presbytère ! Il a poussé un soupir de soulagement quand je suis partie pour Londres ! Nous sommes sept à la maison, ne l'oubliez pas. C'est horrible ! Rien que des travaux de ménage et des séances d'œuvres de bienfaisance féminines ! J'ai toujours été l'enfant terrible. Je ne veux pas retourner – mais que faire, dites-moi, Tommy, que faire ?

Tommy secoua tristement la tête. Après un silence, Quat'sous éclata :

— De l'argent ! de l'argent, de l'argent ! Je ne pense qu'à l'argent jour et nuit, matin et soir ! Tant pis si je suis mesquine et cupide, mais c'est un fait !

— Je vous comprends ! murmura Tommy.

— J'ai pensé à tous les moyens d'avoir de l'argent. Il n'y en a que trois : hériter, se marier ou en gagner. Le premier est exclu. Je n'ai pas de parents riches. Toutes les vieilles tantes que j'ai sont dans des asiles pour dames de la noblesse ruinées ! J'aide toujours les personnes âgées à traverser les rues, et je ramasse les paquets que laissent tomber les vieux messieurs, pour le cas où ils se trouveraient être des millionnaires excentriques. Mais aucun ne m'a jamais demandé mon nom, et plusieurs ne m'ont même pas dit merci.

Il y eut un silence.

— Bien entendu, reprit Quat'sous, ma meilleure chance est le mariage. J'ai décidé d'épouser un homme riche quand j'étais encore une petite fille. Toute femme de bon sens doit en venir là. Je ne suis pas sentimentale, moi.

Elle s'arrêta, et, d'une voix menaçante :

— Dites-le, voyons, que je ne suis pas sentimentale !

— Certainement pas, confirma Tommy hâtivement. Ce n'est pas au sentiment que vous faites songer les hommes !

— Vous n'êtes guère poli, répliqua Quat'sous. Mais je veux croire que votre intention est bonne. Quoi qu'il en soit, je suis prête – mais je ne rencontre pas d'homme riche ! Tous ceux que je connais sont dans la purée comme moi-même. Mais vous ? Pourquoi n'épouseriez-vous pas une femme riche ?

— Pour la même raison que vous. Je n'en connais pas.

— Ça n'a aucune importance. Vous pouvez en connaître. Moi, si je vois un homme élégant sortir du Ritz, je ne peux pourtant pas m'élancer vers lui et lui dire : « Monsieur, vous êtes riche. J'aimerais vous connaître. »

— Voudriez-vous que je le dise à une dame sortant du même endroit ?

— Ne faites pas l'idiot. Vous ramassez son mouchoir, ou vous lui marchez sur le pied, ou autre chose du même genre. Si elle voit que vous brûlez de la connaître, elle sera flattée et s'arrangera pour rendre la chose possible.

— Vous surestimez ma séduction, murmura Tommy.

— Mon millionnaire, au contraire, continua Quat'sous, filerait à toute vitesse ! Non, le mariage est trop difficile. Reste à gagner de l'argent !

— Nous l'avons tenté – mais sans succès, rappela Tommy.

— Nous l'avons tenté par tous les moyens honnêtes, oui. Mais si nous essayions des autres ? Tommy, soyons aventuriers !

— Avec plaisir, répondit gaiement Tommy. Par où commencer ?

— C'est justement la difficulté. Si nous nous rendions célèbres, on nous paierait peut-être pour commettre des crimes !

— Charmant ! approuva Tommy. Surtout de la part d'une fille de pasteur !

— La responsabilité morale, expliqua Quat'sous, ce sont nos parents qui la porteraient, pas nous. Admettez qu'il y a une différence entre voler un collier de perles et être payé pour commettre le vol ?

— Il n'y aurait pas la moindre différence, si on vous prenait en flagrant délit !

— Peut-être. Mais je ne me laisserais pas prendre. Je suis trop intelligente pour cela.

— La modestie a toujours été votre péché mignon, remarqua Tommy.

— Ne me taquinez pas. Revenons à nos moutons. Tommy, pourquoi pas ? Devenons associés ! Formons une société.

— Une société pour le vol des colliers de perles ?

— Ce n'était qu'un exemple. Constituons…

— Voyons, comment appelle-t-on ça dans la comptabilité ?

— Je n'en ai jamais fait.

— Moi, si. Mais je me suis toujours embrouillée, j'ai mis le doit du côté de l'avoir, et vice versa – finalement on m'a mise à la porte. Ah, j'y suis – une société à responsabilité limitée !

— Les jeunes Aventuriers et Cie, Sté à resp. lim. ? C'est cela que vous voulez, Quat'sous ?

— Ne riez pas. Je sens que ça va rapporter !

— De quelle manière comptez-vous entrer en rapport avec vos futurs patrons ?

— Par annonce, riposta promptement Quat'sous. Avez-vous un bout de papier et un crayon ? Les hommes en ont toujours. Ils les portent sur eux, comme nous la poudre et la houppette.

Tommy lui tendit un carnet vert passablement usé, et Quat'sous se mit à griffonner avec application.

— Commencerons-nous : jeune homme sans emploi, au cœur sensible.

— Par exemple !

— Comme vous voudrez. Mais ça pourrait toucher une vieille fille qui vous adopterait illico, avant que vous n'ayez eu le temps de vous lancer dans des aventures.

— Je ne veux pas qu'on m'adopte.

— J'ai oublié que vous étiez contre l'adoption. Allons, c'était pour vous taquiner. Certains journaux sont pleins d'annonces de ce genre ! Trouvons quelque chose de mieux. Par exemple : Deux jeunes aventuriers à louer. Prêts à n'importe quoi, n'importe où. Salaire élevé. (Il faut qu'on sache à quoi s'en tenir là-dessus dès le début.) Nous pourrions aussi ajouter : « On ne répond qu'aux offres sérieuses », ça se fait quelquefois.

— Je suis complètement sûr que toutes les offres en réponse à une annonce pareille ne seront pas sérieuses !

— Tommy ! Vous êtes un génie. C'est beaucoup plus chic : « On ne répond pas aux offres sérieuses. » Qu'en dites-vous ? Attendez, je vais relire :

 

Deux jeunes aventuriers à louer. Prêts à n'importe quoi, n'importe où. Salaire élevé. On ne répond pas aux offres sérieuses.

 

— Qu'en penseriez-vous, si vous lisiez cela dans un journal ?

— Je penserais que c'est l'œuvre d'un fou ou d'un farceur.

— Ce n'est guère plus ridicule que les annonces que j'ai lues ce matin, commençant par « Pétunia, où es-tu ? » et signées « chéri ».

Elle tendit la feuille à Tommy.

— Tenez. Le Times nous convient, je crois. Répondre № tel et tel. Ça coûtera près de cinq shillings. En voilà deux et demi.

Tommy, pensif, contemplait la feuille. Ses joues brûlaient.

— Si on essayait vraiment ? dit-il enfin. Essayons, Quat'sous, simplement pour nous amuser !

— Tommy, vous êtes un as ! Je le savais ! Buvons à la réussite !

Elle versa des restes de thé froid dans les tasses.

— Un toast à la Sté des Jeunes Aventuriers ! Hurrah !

Ils déposèrent leur tasse vide avec un rire un peu angoissé. Quat'sous se leva.

— Je dois retourner dans mon appartement princier au Foyer féminin.

— Il est temps, je crois, que je me rende au Ritz, répliqua Tommy avec un large sourire. Où nous reverrons-nous ? Et quand ?

— Demain à midi, à la sortie du métro Piccadilly. Cela vous convient-il ?

— Mon temps m'appartient, répliqua Mr Beresford avec un geste seigneurial.

— À demain, mon vieux !

Les deux jeunes gens se séparèrent et partirent dans des directions opposées. Le Foyer féminin où logeait Quat'sous était situé dans un quartier charitablement appelé convenable. Pour des raisons d'économie, elle ne prit pas l'autobus.

À mi-chemin, au moment où elle traversait Saint-James' Park, une voix d'homme, derrière elle, la tira brusquement de ses méditations :

— Pardon, mademoiselle, pourrais-je vous parler un instant ?

 

Mr. Brown
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